sous la lune de février
19 février 2019 § 1 commentaire
dessiné ce soir au stylo bille …
où est ma tête ? je ne vois plus que la lune …
***
Avions-nous convoyé le reflet d’un reflet
ou mis le cap sur l’analogue
n’avoir plus faim n’abolit pas la faim
et les nommer ne scelle pas les choses
qui pouvait dire,
je suis là où finit le voyage
si le regard levait encore un horizon
sous le couchant défait
certains voulaient la neige pour s’unir au silence
et d’autres une parole
qui chiffrerait d’un mot tout le visible
mais l’œil qui s’éveillait une nouvelle fois
reflétait aussi bien la fin que le commencement
ailleurs
les pierres mêmes avaient sommeil
Bernard Noël
trouvé chez Arbrealettres
comme des dessins
17 février 2019 § 1 commentaire
j’aime regarder…
tout…
intensément…
longtemps…
je croyais secrètement que cette pratique était une fenêtre sur la Vérité…
qu’à force de regarder mes yeux finiraient par voir…
je t’ai tellement regardé que tu as fini par ressembler à un dessin…
j’ai aussi porté des lunettes avec une inscription sur le montant :
« Ouvre ton troisième œil » …
comme une injonction prometteuse de révélation…
j’ai tellement espéré qu’un drôle d’oeil m’a poussé dans la main dont je n’avais soudainement plus besoin pour te prendre…
ton image dans le soir ressemble à un tableau… ou à un rêve…
tel un moine concentré tu flottes enfin dans le pourpre enflammé…
nous sommes encore habités par d’anciennes images
dont nous ne savons plus exprimer le secret
et même souvent nous croyons les avoir égarées
à jamais quand notre cœur est lourd
et que la fatigue infinie de l’été
nous écrase mais c’est alors que dans la nuit
à l’improviste un chant à peine modulé
nous visite, ou l’éclat d’une étoile
et c’est comme une prière sans mots
qui chercherait à délivrer la source
de la clarté parmi la sylve des soucis obscurs
Jean-Claude Pirotte
merci à Serge Sautereau pour toute l’inspiration qu’il me donne…
luné
16 septembre 2012 § Poster un commentaire
J’étais entouré de solitude ce soir-là et lisais un livre.
Mon coeur se desséchait, il me semblait que la beauté était façonnée par des marchands de paroles.
Je fermai le livre avec lassitude et soufflai la chandelle.
En un instant la chambre s’emplit de lune.
Esprit de Beauté, comment pouvais-tu,
toi dont l’éclat inonde le ciel,
rester caché derrière une minuscule flamme de bougie ?
Comment quelques vains mots d’un livre
pouvaient-ils monter comme une brume et te voiler,
toi dont la voix apporte au coeur de la terre un calme ineffable ?
(Rabindranath Tagore)