cordial
24 avril 2018 § Poster un commentaire
cœur de ce jour, le mien est lourd mais plein d’espoir, d’amour …
pour Amandine
CŒUR
Il ne sait pas mon nom
Ce cœur dont je suis l’hôte,
Il ne sait rien de moi
Que des régions sauvages.
Hauts plateaux faits de sang,
Épaisseurs interdites,
Comment vous conquérir
Sans vous donner la mort?
Comment vous remonter,
Rivières de ma nuit
Retournant à vos sources
Rivières sans poissons
Mais brillantes et douces.
Je tourne autour de vous
Et ne puis aborder,
Bruits de plages lointaines,
O courants de ma terre
Vous me chassez au large
Et pourtant je suis vous,
Et je suis vous aussi
Mes violents rivages,
Écumes de ma vie.
Beau visage de femme,
Corps entouré d’espace,
Comment avez-vous fait,
Allant de place en place,
Pour entrer dans cette lie
Où je n’ai pas d’accès
Et qui m’est chaque jour
Plus sourde et insolite,
Pour y poser le pied
Comme en votre demeure,
Pour avancer la main
Comprenant que c’est l’heure
De prendre un livre ou bien
De fermer la croisée.
Vous allez, vous venez,
Vous prenez votre temps
Comme si vous suivaient
Seuls les yeux d’un enfant.
Sous la voûte charnelle
Mon cœur qui se croit seul
S’agite prisonnier
Pour sortir de sa cage.
Si je pouvais un jour
Lui dire sans langage
Que je forme le cercle
Tout autour de sa vie!
Par mes yeux bien ouverts
Faire descendre en lui
La surface du monde
Et tout ce qui dépasse,
Les vagues et les deux,
Les têtes et les yeux!
Ne saurais-je du moins
L’éclairer à demi
D’une mince bougie
Et lui montrer dans l’ombre
Celle qui vit en lui
Sans s’étonner jamais.
Jules Supervielle
quelques cœurs glanés dans ce journal virtuel… cliquez pour faire défiler les images…
apparition au chien
6 mars 2017 § Poster un commentaire
tout ce que révèle l’image du bouvier bernois … comme en chaque image une hallucination… comme en chaque être un mystère…
Un peintre
Il vous dira le jour
Toujours entre deux nuits
Avec des fleurs coupées
Par de claires épées,
Une seule bougie
Eclairant des cerises
Et un papier plié
Par le poids d’un secret,
Sur un fond de feuillage
Bien fait pour épier
D’un regard végétal
Votre propre mystère.
Jules Supervielle
aujourd’hui en valise
29 janvier 2010 § 1 commentaire
Quand le flux de la nuit me coule sur les lèvres
Me couvrant le menton avec un sang tout noir,
Lentement soulevé par le boeuf du sommeil,
Je sens tourner en moi l’axe de mon regard.
J’entre dans le champ clos de ma chair attentive
Au pays qui respire et qui bat sous ma peau.
Mes os sont les rochers de ces plaines rétives
Où pousse une herbe rare appelée arlisane,
Et comme un voyageur qui arrive de loin
Je découvre en intrus mon paysage lointain.
(Jules Supervielle)