bas les masques
29 septembre 2015 § Poster un commentaire
quelques traits vite faits sur ma banquette de métro… quelque part entre la gare et le terminus… est-ce si différent d’être là à dessiner plutôt qu’à m’hypnotiser aux ondes virtuelles de mon téléphone dit intelligent ?
le masque sourd du visage
mime le visage
délaisse le visage
le masque sourd de la page vide
déguise le vide
lui qui n’est que vide
Yang Lian
rêver …
est-ce ici ou ailleurs ?
D’un et de deux, de tous
Je suis le spectateur et l’acteur et l’auteur
Je suis la femme et son mari et leur enfant
Et le premier amour et le dernier amour
Et le passant furtif et l’amour confondu
Et de nouveau la femme et son lit et sa robe
Et ses bras partagés et le travail de l’homme
Et son plaisir en flèche et la houle femelle
Simple et double ma chair n’est jamais en exil
Car où commence un corps, je prends forme et conscience
Et même quand un corps se défait dans la mort
Je gis en son creuset j’épouse son tourment
Son infamie honore et mon cœur et la vie.
Paul Eluard
parfois même je me demande qui dessine ? …
besoin de reconnaissance
29 août 2013 § Poster un commentaire
Je ne veux pas de ces masques à moitié creux,
autant la marionnette.
Elle, du moins, est pleine.
Je souffrirai sa carcasse,
le fil aussi
et même son visage de pur semblant.
Ici je suis en face.
Même si s’éteignent les lampes,
même si j’entends dire : fin
– même si, de la scène le vide vient à moi
dans le gris courant d’air,
même si, de mes silencieux ancêtres,
aucun n’est plus assis à mes côtés, aucune femme,
pas même le garçon à l’œil brun qui louchait;
je resterai.
Il y a toujours à voir.
Rainer Maria Rilke
traits tirés
7 mai 2012 § 2 Commentaires
SONNET VIII
Combien de masques portons-nous, et de masques
Sous le masque, sur la figure de notre âme, et quand,
Si pour son propre amusement l’âme elle-même se démasque,
Sait-elle qu’est tombé le dernier et qu’enfin son visage
Est nu ? Le vrai masque ne sent rien en deçà du masque,
Mais regarde à travers le masque avec des yeux masqués
Aussi. Quelque conscience qui entreprenne la tâche,
Œuvrer à cette tâche au sommeil l’attache.
Comme un enfant effrayé par le reflet de son visage,
Nos âmes, qui sont des enfants – car elles égarent leurs pensées,
Remettent de la différence sur leurs trop visibles grimaces
Et gagnent tout un monde en oubliant leurs causes.
Et quand une pensée démasquerait notre âme se masquant,
Même elle n’irait pas sans masque démasquer.
FERNANDO PESSOA 35 Sonnets (original en anglais)
How many masks wear we, and undermasks,
Upon our countenance of soul, and when,
If for self-sport the soul itself unmasks,
Knows it the last mask off and the face plain?
The true mask feels no inside to the mask
But looks out of the mask by co-masked eyes.
Whatever consciousness begins the task
The task’s accepted use to sleepness ties.
Like a child frighted by its mirrored faces,
Our souls, that children are, being thought-losing,
Foist otherness upon their seen grimaces
And get a whole world on their forgot causing;
And, when a thought would unmask our soul’s masking,
Itself goes not unmasked to the unmasking.