huitante

11 août 2013 § Poster un commentaire

50+30 par Kajan (c) vice

50+30 par Kajan(c) versa

 

Le philosophe allait sur son âne; prophète,
Prunelle devant l’ombre horrible stupéfaite,
Il allait, il pensait.

Il allait, il pensait. Devin des nations,
Il vendait aux païens des malédictions,
Sans savoir si des mains dans les ténèbres blêmes
S’ouvraient pour recevoir ses vagues anathèmes.

Il venait de Phétor; il allait chez Balac,
Fils des Gomorrhéens qui dorment sous le lac,
Mage d’Assur et roi du peuple moabite.
Il avait quitté l’ombre où l’épouvante habite,
Et le hideux abri des chênes chevelus
Que l’ouragan secoue en ses larges reflux.
Morne, il laissait marcher au hasard sa monture,
Son esprit cheminant dans une autre aventure;
Il se demandait: « Tout est-il vide? et le fond
N’est-il que de l’abîme où des spectres s’en vont?
L’ombre prodigieuse est-elle une personne?
Le flot qui murmure, est-ce une voix qui raisonne?
Depuis quatre-vingts ans, je vis dans un réduit,
Regardant la sueur des antres de la nuit,
Écoutant les sanglots de l’air dans les nuées.
Le gouffre est-il vivant? Larves exténuées,
Qu’est-ce que nous cherchons? Je sais l’assyrien,
L’arabe, le persan, l’hébreu; je ne sais rien.
De quel profond néant sommes-nous les ministres?…»
Ainsi, pâle, il songeait sous les branches sinistres,
Les cheveux hérissés par les souffles des bois.
L’âne s’arrêta court et lui dit: « Je le vois. »

Victor Hugo                » Dieu invisible au philosophe »

 

 

 

 

 

encore quelques notes

6 avril 2012 § Poster un commentaire

d’il y a 20 ans…

on dirait presque un tatouage cet envers…

 

pause et repose

7 juin 2011 § 1 commentaire

mon sang
repose
dans la boite du cœur,
mon mur
dans la boite du corps,
mon corps
dans la boîte du lit,
mon lit
dans la boite de la chambre,
et ainsi de suite
jusqu’à la boite du néant
qui commande le couvercle
de toutes les autres.
Et pour le soulever
il me faudra me hisser
de boite en boite jusqu’à lui.
Mais une fois atteint
aurai-je encore envie de le décoller
ou de me lancer au contraire
à nouveau dans le vide ?

Gérard Le Gouic

 

tétralemme de Nâgârjuna

19 juillet 2010 § 3 Commentaires



 » Où que ce soit, quelles qu’elles soient,

Les choses ne sont jamais produites

A partir d’elles-mêmes, d’autres,

Des deux ou sans cause. »


Tout est parfait depuis toujours.

coule, légère, ô vie

12 mai 2010 § Poster un commentaire

Coule, légère, ô vie qu’on ne sent point, ruisseau au mouvant silence, glissant sous des arbres oublieux! Coule, caressante, âme que nul ne connaît, murmure que nul ne peut voir derrière les longues branches inclinées! Coule, inutile, coule sans raison, conscience qui ne l’est de rien, vague lueur brillant au loin, au creux des feuilles, conscience dont nul ne sait d’où elle vient ni où elle va!

Coule, et laisse moi oublier!

483 Fernando Pessoa « Le livre de l’intranquillité »


à quoi?

7 mars 2010 § 3 Commentaires

A quoi servent toutes ces clefs si j’ignore où est la porte?


Où suis-je ?

Entrées taguées réflexion sur journal du dessin rencontre.