de la couleur du ciel
25 janvier 2021 § Poster un commentaire
si je crois que j’ai bouclé l’année, comment commencer celle-ci ?
en réalisant qu’il n’y a ni fin ni commencement …
juste une manière d’être ici maintenant …
« ils m’ont fait comprendre qu’il leur fallait une carte de vœux »
la carte brillante au propre et au figuré de Sandrine Pelletier
pour le MCBA résonne particulièrement …
que souhaiter ?
quels vœux pour notre humanité ?
partir, rester, rebrousser chemin, disparaître ?
est-ce seulement possible ?
brûler les questions ?
accueillir le silence
vivre
L’étoile de mes vœux file un coton d’ennui
Tandis que l’araignée condamnée aux présages
Sur ton ombre brisée, oh! profil de mes nuits,
Prend l’ombre d’un baiser rapporté de voyage.Louise de Vilmorin
pour Corinne Weiss et Cath Rostain
TRANSFIGURATION
31 décembre 2020 § 3 Commentaires

au bord de l’année
au bord ultime
j’entendais parler du brouillard
je découvre la lumière
j’entendais des voix de peur
je trouve l’amour
je suis là
je regarde cette lumineuse étendue
où est le haut ? est-ce le bas ?
je suis en vie
j’aime vivre
ce mystère produit de la chaleur
cette énigme me fait tousser, transpirer, frissonner
je respire
Catherine Jan dite Kajan
Un geste vers le bas
ne trouve pas toujours
un geste vers le haut.
Mais lorsqu’il le trouve
ils vont tous deux vers le haut
ou tous deux vers le bas. Ou peut-être les directions disparaissent
et inaugurent dans le point de rencontre
la transfiguration qui les dispense
d’un mouvement quelconque.
Tout geste est une épiphanie
lorsqu’il n’y a plus de différences
entre le haut et le bas.
Un gesto hacia abajo
no siempre encuentra
un gesto hacia arriba.
Pero cuando lo encuentra
van los dos hacia arriba
o los dos hacia abajo. O quizá se disuelven los sentidos
e inauguran en el punto de encuentro
la transfiguración que los exime
de cualquier movimiento.
Todo gesto es una epifanía,
cuando ya no hay diferencias
entre arriba y abajo.
Roberto Juarroz
Quatorzième poésie verticale
Traduction: Sivia Baron Supervielle
Editions: José Corti
trouvé chez ARBREALETTRES
ce crabe bleu
5 juillet 2020 § 1 commentaire

et si ce jeu de mots révélait le je des maux ?
pourrait-il y avoir un sens caché derrière la grille de lettres ?
y aurait-il un oracle invisible qui souffle à mes oreilles ?
le cliquetis des lettres dans le petit sac vert promet quelques révélations…
pourvu que le tirage soit bon…
que Calliope, Erato et Polymnie m’inspirent
dignes filles de la mémoire…
mon désir n’est pas de vaincre
mais de comprendre et de chanter
à S. , ma muse m’amuse
RÉCATONPIL U
ou
Le jeu du poulet
pour Nicolas
Si tu veux apprendre
des mots inconnus,
récapitulons,
récatonpilu.
Si tu veux connaître
des jeux imprévus,
locomotivons,
locomotivu.
Mais les jeux parfaits
sont les plus connus
jouons au poulet.
Je suis le renard
je cours après toi
plus loin que ma vie.
Comme tu vas vite !
Si je m’essoufflais !
Si je m’arrêtais !
Jean Tardieu
Santa Maria della Corona
14 mars 2020 § 2 Commentaires

« Santa Maria della Corona » apparue le vendredi 13 mars sur un sac de papier de récupération pendant la crise du coronavirus
Protégez-nous
Vous qui êtes la Source première
L’Origine de tous les corps et la Mère des rêves
Aidez-nous à voir au-delà de la peur
Faites chanter votre voix au cœur de nos songes
°°°°°°°°°°°
J’ai un cancer au coeur.
Un excès qui me dévore.
Mais j’ai dans la cervelle une petite étoile
J’ai donné de mon étoile toute la lueur que j’ai pu.
Mais parfois, de très loin en moi, une plainte s’élève, déchirante.
C’est le cancer qui chante.
°Marie Noël°
C’est auprès de la source
Que s’entendent le mieux
Les trois dimensions.
°Guillevic°
sous la lune du 10 janvier
19 janvier 2020 § 6 Commentaires
apparitions dans l’énergie de cette lune du 10 janvier sur des estampes réalisées avec une peau de banane gravée…
Cette Pleine Lune du loup est apparue dans le signe du Cancer reliée à la conjonction Saturne Pluton qui est l’aspect majeur de l’année 2020.
La puissante énergie de transmutation de Pluton favorise la désintégration d’un système archaïque, la présence de Saturne à ses côtés renforce l’exigence d’une transformation aussi profonde que radicale.
Le vieux monde s’écroule, le Nouveau Monde est en marche …
Nous sommes les vagues profondes
Où les yeux plongent vainement ;
Nous sommes les flots et les ondes
Qui déroulent autour des mondes
Leur manteau d’azur écumant !
extrait de Josef Autran

l’ombre de la banane à l’encre
Chaque chose au monde porte en elle sa réponse,
ce qui prend du temps ce sont les questions.
José Saramago
MYSTÈRE DU MONDE
Cela qu’on ne peut voir – devient.
Cela que l’on voit – est advenu déjà.
Ce qui est advenu – déjà n’est plus
Pour devenir autre chose en secret.
Ce qui n’a plus pouvoir de devenir
Déjà doit s’anéantir.
Ce qui plus haut cesse de s’élever
Il lui faut descendre plus bas.
S’anéantir – est aussi devenir
Dans l’effacement.
Le devenir d’un brin d’herbe
Est un secret pour la terre
Comme chaque homme pour l’homme.
Chaque rameau particulier
A son foyer
Chaque arbre pour le monde est singulier,
Enfoui avec les troncs
Ils vivent ensemble.
Aron Lutski
merci à toi Serge pour ton regard et la force que tu me donnes
tous ces mots inspirés ont été dénichés chez Arbrealettres … pourvoyeur de bijoux poétiques
hygiène et sécurité
10 décembre 2019 § Poster un commentaire
la peur m’a confinée à une étrange solitude
tremblante dans l’illusion de ce monde injuste
je peux enfin crier
je ne veux plus me défendre
contre tous les dangers que j’ai moi-même inventés
je suis fatiguée
pourtant je sais
quelque part
m’attend une douce lumière
une belle chaleur
comme une musique des âges célestes
j’écoute les battements de mon cœur
CJdK
LA CELLULE DE MOI-MÊME
emplie d’étonnement
La muraille peinte à la chaux de mon secret
J’ouvre la porte avec ma main vide
Un peu de sang blessé dans la paume
Pierre Jean Jouve
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Nos corps ne connaissent pas l’adieu
Rencontre est le nom
de chacune de nos cellules
Adonis
Deux bouddhas de pierre au bord du chemin
Nus, mal nourris, se font face
Sans protection contre le vent, la pluie,
la neige et le givre
Je les envie pourtant, car ils ignorent
La douleur de la séparation
Chông Chôl
rayon vert
1 décembre 2019 § Poster un commentaire
à côté de chez moi, à la gare, une immense grue construit le rayon vert,une passerelle végétalisée qui franchit les voies…
cela se passe la nuit après avoir arrêté les derniers trains et débarrassé les curieux des quais…
derrière le jura, un jeune président a dit il n’y a pas si longtemps sur un ton péremptoire qu’il suffit de traverser la route pour trouver du travail…
je me demande ce que je pourrai trouver en franchisant les voies sur ce rayon vert…
j’espère m’y retrouver enfin… peut-être…
quelle drôle d’idée cette passerelle ainsi nommée au milieu des édifices de béton qui poussent tellement plus vite que les arbres…
un peu plus loin le pont bleu déjà s’était élevé l’année d’avant dans les bras d’une grue géante, la plus grande m’avait-on chuchoté…
aux urbains ne restent que des métaphores, des aspirations, des fantasmes de couleurs… tout plutôt qu’une nature sensuelle, qu’une verdure apaisante…
les routes et les chemins sont agrandis pour que tous atteignent leur lieu de travail ou leur université…
pour que tous atteignent leurs objectifs, répondent à leurs besoins,
avec efficacité et bienveillance…
moi je regarde la grande grue avec fascination déplacer un segment au milieu de la nuit…
bientôt je franchirai les voies sur ce rayon…
qu’il soit de conscience !
Te dire jamais
jamais comme borne à l’univers connu
à la normalité merveilleuse de l’humain
jamais comme si on pouvait former des décrets
à partir de l’observation de la Nature
Je ne le dirai pas
Jamais n’est pas un mot de la réalité
jamais est un mot-lunette pour ceux comme toi
qui ont besoin de certitudes extérieures
Je n’en ai pas besoin moi
L’avenir s’étend couleur béton ciré
grande esplanade où je pourrai courir
Le vent est frais la lune et le soleil bien accrochés
Je fais des roulades sauts périlleux athlète papillon
plaisir fou de l’accord
avec le vent la lune et le soleil
Aya Cheddadi
Julian
19 novembre 2019 § Poster un commentaire
j’ai crié « au feu »! …
je voyais les flammes …
j’ai marché sur les cendres …
j’ai appelé ! j’ai appelé ! j’ai pleuré …
et voilà qu’ils me regardent tous : ils croient que je l’ai allumé !
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Hier soir j’ai rêvé que j’entendais
Dieu me crier : Alerte!
C’était ensuite Dieu qui dormait
et moi je criais : Réveille-toi!
Antonio Machado
comme un fantôme
5 octobre 2019 § Poster un commentaire
après un concert incantatoire de Susheela Raman
en découvrant son dernier album où les gamelans résonnent en chœurs d’ailleurs
elle est arrivée dans une robe étonnante … un mélange d’armure, de combinaison spatiale avec des accents pharaoniques … Shusheela Raman chante et enchante mais sans complaisance, avec une exigence, une aspiration à nous emmener loin, loin de la consommation facile, loin des effets gratuits, au monde où les esprits nous renvoient à ce que nous sommes …
GHOST CHILD
hawk rising
circles the empty sky
she is being
as I,just being
someone somewhere
somehow become
the frayingedge of a picture
of a fledgeling
on a highledge loooking down
the ghost of a child
echoes on the wind
i have returned
in older skin
(:::)
Susheela Raman
extrait de son dernier album Ghost Gamelan
merci à Renens pour son audacieuse programmation et son engagement à faire découvrir d’autres sentiers …