Camouflage
15 avril 2022 § 2 Commentaires
je reviens et j’ai quelque chose à vous dire …
en octobre 2020, je recevais la confirmation de ce que je soupçonnais depuis des mois en ayant découvert le témoignage de femmes autistes Asperger, c’est-à-dire autistes sans déficience intellectuelle … soulagée de comprendre mieux soudain certains évènements de ma vie
mais également choquée,
mon premier « shut-down » officiel,
je restais assise je ne sais combien de temps sur un banc non loin du cabinet d’où je venais de sortir,
au milieu d’une rue qui conduit à la gare,
il m’a semblé que le temps ne courrait plus pour moi comme pour ces passants météorites que j’apercevais du coin de l’œil …
en octobre 2020, je recevais mon diplôme d’autiste qui me consacrait à reprendre les chemins de ma vie pour retrouver un équilibre tout sauf imaginable pour moi …

j’ai cherché des informations jusqu’en Australie …
ce dessin de moine à l’encre m’a paru être ce moi oublié par tant d’années de camouflage,
alors je l’ai déguisé, encore et encore, de toutes les manières pour pouvoir assimiler ce que je ne m’étais jamais autorisée à être … j’ai dessiné sur ce moine tranquille, quasi sans genre, imperturbable, bientôt 200 versions de camouflages que j’ai portés avec panache …


« Ce qui a été par contre démontré par la recherche en tant que spécificité féminine de l’autisme, c’est une meilleure capacité des femmes à mettre en œuvre des stratégies de camouflage dans les situations sociales afin de masquer leurs difficultés (Kenyon 2014, Baldwin and Costley 2015; Cridland et al. 2014; Mandy and Tchanturia 2015; Rynkiewicz et al. 2016). »
extrait de https://comprendrelautisme.com/lautisme/les-femmes-autistes/
Je suis épuisée par toutes ces années de bataille pour convenir à un monde que je ne comprends pas …
pour garder l’amour de la vie j’ai un allié précieux : le dessin
à 59 ans je découvre en écoutant Temple Grandin que moi aussi je pense en images, et que ce n’est pas si courant …
je reprends ce qu’il me reste de chemin en entendant mieux le chant des arbres …
« Un poète doit laisser des traces de son passage, non des preuves. Seules les traces font rêver. »
René Char
ce crabe bleu
5 juillet 2020 § 1 commentaire

et si ce jeu de mots révélait le je des maux ?
pourrait-il y avoir un sens caché derrière la grille de lettres ?
y aurait-il un oracle invisible qui souffle à mes oreilles ?
le cliquetis des lettres dans le petit sac vert promet quelques révélations…
pourvu que le tirage soit bon…
que Calliope, Erato et Polymnie m’inspirent
dignes filles de la mémoire…
mon désir n’est pas de vaincre
mais de comprendre et de chanter
à S. , ma muse m’amuse
RÉCATONPIL U
ou
Le jeu du poulet
pour Nicolas
Si tu veux apprendre
des mots inconnus,
récapitulons,
récatonpilu.
Si tu veux connaître
des jeux imprévus,
locomotivons,
locomotivu.
Mais les jeux parfaits
sont les plus connus
jouons au poulet.
Je suis le renard
je cours après toi
plus loin que ma vie.
Comme tu vas vite !
Si je m’essoufflais !
Si je m’arrêtais !
Jean Tardieu
sous la lune de février
19 février 2019 § 1 commentaire
dessiné ce soir au stylo bille …
où est ma tête ? je ne vois plus que la lune …
***
Avions-nous convoyé le reflet d’un reflet
ou mis le cap sur l’analogue
n’avoir plus faim n’abolit pas la faim
et les nommer ne scelle pas les choses
qui pouvait dire,
je suis là où finit le voyage
si le regard levait encore un horizon
sous le couchant défait
certains voulaient la neige pour s’unir au silence
et d’autres une parole
qui chiffrerait d’un mot tout le visible
mais l’œil qui s’éveillait une nouvelle fois
reflétait aussi bien la fin que le commencement
ailleurs
les pierres mêmes avaient sommeil
Bernard Noël
trouvé chez Arbrealettres
en passant
22 juillet 2018 § 2 Commentaires
juste quelques mots … en passant
et aussi quelques traits …
quelques points de suspension …
quelques soupirs …
là-bas Tieri nage face vers le ciel
trop de mots sont enterrés dans la bibliothèque
trop d’hommes meurent
Tieri parle aux oiseaux
parce que trop souvent il n’y a que ça à faire
et que les oiseaux comprennent tout …
je reste ici
je réfléchis trop
pour finalement ne rien comprendre
vite !
un café bien noir sur le balcon …
la veillée
2 février 2018 § 3 Commentaires
2017 s’est terminé avec un 500ème article publié ici…
au moment du solstice… je remercie mes suiveurs fidèles pour leur foi
en la Beauté… en un ailleurs transcendé…
puis j’ai pris janvier pour me questionner sur la diffusion de mes dessins, de la direction de ma démarche…
le retour possible d’une nouvelle lumière…
je dis souvent qu’une des questions essentielles à se poser est :
« à quoi ça sert ? » …
tous ces mots… toutes ces images comme une litanie absurde… des yeux fatigués qui cherchent une révélation
et auxquels n’est toujours et encore proposé que d’acheter, d’acquérir, d’incorporer…
toujours plus… encore et encore…
de se développer, de s’améliorer, de se mettre à jour…
comment ?!! j’ai été mise au jour il y a longtemps…
de voyager, de découvrir, d’essayer… de réserver très vite…
je n’ai pas vu la grande muraille, je n’ai pas respiré cette rose à Damas…
ma pensée est alitée :
ce matin est apparu cette veillée…
dessinée sur un sachet de papier du magasin biologique…
Nostalgie sourde
je cherche un bahut de franchise autour de moi
tous les yeux se dérobent en cruelles œillades
j’ai le cœur qui va battant tel un aiglon blessé
Tâter le pouls de la race humaine
m’enrôler dans cette horde matérialiste
de clinquant et d’ordure
m’acclimater m’acclimater
mais j’ai peur que mon rire de flammèche encor vivace
décime détruise
crée au sein de ce bal chahutant
une esclandre de casseurs de veillée
Gemma Tremblay
Éteindre en nous ce feu
Qui mord, qui dévore?
Mais que faire d’autre
Sinon rallumer
Un feu autrement
Plus puissant, plus libre,
Charnel-aérien,
À l’image de
La flamme initiale,
Ne trahissant rien,
Ne réduisant rien,
Mais transformant tout
En veillée
nuptiale.
François Cheng
un remerciement tout particulier à Arbrealettres et son merveilleux lexique poétique où je trouve si souvent des mots pour dialoguer avec mes dessins…
elle rêve encore …
4 décembre 2017 § Poster un commentaire
saisie dans le métro ce matin… je ne peux voir son regard… de quoi rêve t’elle ? … elle ne s’occupe de personne ni même ne tente seulement de voir… un cocon humain… juste un battement de sac… j’ai la plume à la main et j’attrape vite encore un mystère…
de quoi rêve t’elle ?
une caresse humide… sans sexe défini… ambivalente et universelle… tendresse de gastéropode… lente et tiède… infinie
Décide-toi,
Escargot ! A demi chez toi,
Et moitié dehors !
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Make up your mind, Snail!
You arehalf inside your house,
And halfway out!
Richard Wright
incantations d’équinoxe
22 septembre 2017 § 9 Commentaires
j’ai reçu une bicyclette, une chaise, une vieille valise en carton et quelques livres anciens jamais lus… et aussi un cahier à dessin avec des formes simples à remplir… en voici trois livrées pour l’équinoxe…
Celui qui rêve se mêle à l’air
Georges Schehadé
En rêve
La séparation noire, définitive
Je la subis tout comme toi.
Comment, tu pleures ? Donne-moi plutôt la main.
Promets-moi de revenir en rêve.
Pour nous deux, c’est comme pour les montagnes,
Pour nous deux, nulle rencontre ici-bas.
Puisses-tu seulement, à minuit,
Me faire signe par-delà les étoiles.
Anna Akhmatova